En horlogerie, c’est quoi un ébat de rouage

Aujourd’hui, on va développer un détail de l’article précédentqu’est ce qu’un ébat en horlogerie! Est-ce important? A quoi ça sert? Comment le régler? On détaille dans cet article uniquement les ébats de rouage.

Qu’est ce qu’un ébat?

Rien d’érotique ici… En horlogerie, on parle souvent d’ébat pour le rouage. Pour faire simple, c’est un jeu. C’est l’espace qu’à un mobile pour bouger entre ses deux pierres. Ces deux pierres, aussi nommées rubis, seront chassées dans la platine et le pont à une certaine hauteur afin que le mobile puisse y tourner, mais sans qu’il soit trop libre…

C’est toujours flou pour vous? Voici un petit croquis pour visualiser tout cela…

Détail d’un mobile entre ses deux pierres

Les ébats sont nécessaires au bon fonctionnement du mouvement. Ni trop faible, ni trop fort, il doivent être adaptés à chacun des différents mobiles. Ils sont souvent compris entre 2 et 5 centièmes.

Comment contrôler un ébat?

Evidement, dans les grandes manufactures horlogères qui produisent plusieurs milliers ou centaine de milliers de montres par année, la plupart des ébats sont contrôlés par des machines puis retouchés par des horlogers (ou opérateurs en horlogerie) jusqu’à leur conformité.

Dans les plus petites entreprises, où les moyens peuvent être plus limités, on contrôle ça « à l’ancienne ». On sort la loupe et on fait bouger manuellement chaque mobile pour en évaluer l’ébat. C’est un coup de main et d’œil à prendre mais à force de pratique, l’aisance arrive rapidement.

Si vous voulez vraiment vous assurer d’avoir 2 centièmes d’ébat ou visuellement évaluer ce que cela peut représenter, armez vous de patience et lancez vous.

Commencez par sortir votre potence à vis micrométrique.

Redescendez la pierre en plusieurs petites fois, jusqu’à temps que le mobile n’ai plus d’ébat (visuellement), mais sans qu’il ne soit complètement bloqué. Pour vous en assurer vous devrez pouvoir le faire tourner à l’aide d’un pique huile sans forcer du tout.

En partant de là, posez le pont sur la potence et déplacez la pierre d’une graduation (si votre potence fait bien 2 centièmes par graduation). Voilà, vous avez vos 2 centièmes ou quelque chose qui s’en approche…

Pour un support visuel du procédé on vous remet la vidéo sur le changement de pierre et le réglage de sa hauteur…

Souvent les horlogers parlent d’un mobile ou un autre composant « libre sans jeu », c’est un mobile qui n’a pas de jeu visible mais qui est libre de tourner. C’est une phrase un peu paradoxale… Ou c’est libre ou c’est sans jeu et par conséquent pas libre… Oui l’horlogerie est un métier de logique…😁

Comment le régler?

Pour la retouche des ébats de rouage, évitez de retoucher les pierres de la platine. Préférez donc modifier la hauteur des pierres au niveau des ponts. Cela évitera de modifier les partagements entre les mobiles. A moins que ceux-ci ne soient pas conforme.

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Et là vous allez nous dire, c’est quoi un partagement…

Quand on parle de partagement au niveau du rouage, on parle de la position en hauteur des mobiles les uns par rapport aux autres.

Une roue devra, dans l’idéal engrener au centre de la hauteur du pignon. On s’assurera que l’ébat de cette roue lui permette de rester au contact du pignon, qu’elle ne puisse pas désengrener en passant au dessous ou au dessus de ce dernier.

Il faut également s’assurer en faisant le contrôle des ébats qu’aucune des roues ne se touchent. Il est possible de contrôler le partagement à chaque remontage de mouvement, mais pas obligatoirement. Si le mouvement fonctionnait avant le démontage, il n’y a pas de raison que ça ait changé entre temps.

Cependant un contrôle des ébats au moment du remontage d’un calibre ne peut pas faire de mal.

Quel ébat pour quel mobile?

Suivant le mobile que vous contrôlez, les ébats seront potentiellement différents. Il n’est pas nécessaire d’avoir un ébat de barillet équivalent à celui du mobile d’échappement.

Le barillet acceptera facilement un ébat de 5 voir 6 centièmes de millimètre. Les ébats pour les mobiles d’après : mobile de grande moyenne, mobile de moyenne, et mobile de seconde jusqu’à l’échappement, pourront aller decrescendo. C’est à dire que vous pourrez les faire de plus en plus petit jusqu’à la roue d’échappement qui sera plutôt bien avec un ébat de 2 centièmes.

Vous pouvez également avoir un ébat de 2 centièmes à tous les mobiles, cela sera tout à fait correct! C’est même ce que l’on faisait à l’école pour bien maitriser ce contrôle et la retouche qui va avec.

Evidement selon le type de calibre, les ébats ne seront pas traités de la même manière. Sur un calibre assez conséquent comme le ETA 6497 par exemple, la place disponible pourra tolérer des ébats plus forts. Alors que sur un mouvement extra-plat comme la Octo Finissimo de chez Bulgari ou la fabuleuse Altiplano de la maison Piaget par exemple, les ébats seront moins permissif et donc tous assez fins.

En existe-t-il d’autres?

Ebat de dard, de cornes, de coins. Ces ébats sont bien spécifiques et ne seront contrôlés que lorsqu’il y a un problème dans le fonctionnement du mouvement. Encore que, ce n’est pas la première chose que les horlogers vont vérifier et pas les plus simples selon les calibres. Mais il y a bien d’autres sujets à aborder avant d’en arriver à celui-ci.

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